Ma vie en Haïti 34
Extrait de mon journal au 9 août 1980 : Les histoires de Laurent
1 Une famille du Cap Haïtien, assez aisé, rêvait d’envoyer la fille aînée faire ses études à Paris, mais l’argent nécessaire manquait. Or un jour la jeune fille se mit à préparer son trousseau ce qui présageait soit un mariage ou un départ pour l’étranger. « Je pars pour Paris » se réjouissait la jeune fille, « mes parents ont réuni l’argent nécessaire. » Cette manne subite étonna le voisinage qui se mit à poser des questions. La famille qui habitait une vieille maison du Cap, aurait-elle trouvé une jarre ? La famille, effectivement, avait trouvé un trésor. L’esprit qui avait guidé la découverte avait formellement défendu que l’on en parlât. Pressée par les questions, la mère de famille finit par avouer qu’une jarre avait été découverte. Le jour même de cet aveu, l’argent disparut et la maison faillit être complètement détruite par des eaux nauséabondes qui jaillirent d’un trou béant subitement apparu. La grand’mère, depuis ce jour, ne cesse de répéter combien le trop parler peut être nuisible. La jeune fille jamais n’alla étudier à Paris.
2 Un paysan, dont le nom m’échappe, fit tout ce que l’esprit lui dit. Celui-ci lui avait ordonné de se munir d’un bâton et de se rendre dans un lieu bien précis, qu’il ne devait surtout pas révéler. Là il devait frapper un rocher d’où jaillirait la jarre avec laquelle il quitterait le pays. Le paysan se rendit au lieu dit et on ne le revit jamais. La rumeur veut qu’il ait trouvé l’argent nécessaire pour se faire une vie agréable ailleurs.
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Une après l’autre les histoires de jarres et de fantômes s’enchaînent durant les heures de route entre le Cap Haïtien et la capitale. Décidément quand Laurent raconte il n’est pas près de s’arrêter ! La suite une autre fois…