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Tradition - Voyages - Vie

alaska

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 23

22 Décembre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Alaska, #Tante Jeanne et moi : Alaska etc., #Fairbanks

On passa une autre nuit dans le studio envahit par les odeurs des eaux qui charriaient toutes sortes de débris. Le lendemain de très bonne heure on vint nous avertir que les personnes étrangères à la ville allaient être évacuées vers l’aéroport. Je fis donc ma valise.

 Tante Jeanne et moi 23

Tante Jeanne qui ne savait pas nager et avait peur de monter dans le petit bateau refusa l’évacuation. « Pars ma chérie tu seras plus utile autre part que bloquée ici ! » Je la quittais à 9 heures, le cœur plein de chagrin. La première partie du trajet se fit en canot à moteur, dont le propriétaire allait faire la navette entre l’immeuble et un endroit presque à sec.

 Tante Jeanne et moi 23

 Tante Jeanne et moi 23

Finalement vers 17h nous fûmes une cinquantaine de personnes à attendre le bus qui allait nous emmener à l’aéroport. Deux bus arrivèrent conduits par des bénévoles, un des chauffeurs chargea toutes les valises et autres bagages dans le bus dans lequel je voulais monter. Refus catégorique, je devais monter dans le second bus. Je compris par la suite pourquoi ce refus. Le premier bus ouvrait la route, il risquait de tomber dans un trou creusé par les eaux. Le trajet jusqu’à l’aéroport se fit au pas. Dans mon bus, le chauffeur, en caleçon et chemise, conduisait pieds nus.

Deux jours qu’il était vêtu de la sorte que voulez-vous, on a besoin de moi et c’est tout ce que j’ai pu sauver avant hier soir. »

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 22

16 Décembre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Alaska, #Fairbanks, #Tante Jeanne et moi : Alaska etc.

Lentement mais sûrement la ville basse située le long du fleuve fut submergée par les flots. Le soir, comme je le disais dans mon précédent article, l’eau atteignit notre quartier. Nous ne restâmes pas longtemps sans craindre le pire. Un hélicoptère, tous feux allumés survola l’immeuble, on entendait le haut-parleur : « on évacue les habitants des maisons aux alentours et ceux des étages inférieurs, les autres vous ne craignez rien ».

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 22

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 22

 

Tant bien que mal, tante Jeanne et moi, nous essayâmes de dormir mais les hurlements des chiens attachés à leurs niches nous tinrent éveillées jusqu’à ce qu’on ne les entendit plus. Les avait-on secourus, étaient-ils morts noyés ? Le lendemain matin Fairbanks était entièrement sous les eaux, l’électricité et l’eau étaient coupées, dans l’immeuble toutes les portes des studios étaient ouvertes, on se rendait visite pour mettre en commun les victuailles. Un habitant du second (3ème   aux USA) plongea dans l’eau pour chercher des bouteilles dans le bar voisin qui était sous l’eau. Il revint avec divers bouteilles d’alcool.

Beaucoup de locataires avaient soif et pas d’eau.

Au fur et à mesure que les plombs sautaient sur les pylônes environnants les maisons prenaient feu.

On pariait à celle qui serait épargnée.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 22

Le soir l’hélicoptère se posa sur le toit et apporta quelques galons d’eau potable. Sur le parking de l’immeuble on ne voyait plus que le toit de notre voiture.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 21

11 Décembre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Alaska, #Tante Jeanne et moi : Alaska etc.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 21

Ce jour-là, comme tous les jours depuis notre arrivée à Fairbanks, je m’étais rendu dans le vieil hôtel dont le propriétaire avait accepté d’exposer des toiles de tante Jeanne. « Mais c’est un honneur » avait-il dit. Il faut dire que Jeanne Laurence comptait parmi les personnalités de l’Alaska. Tandis qu’elle restait au studio pour peindre ou tenir salon, je tâchais de vendre ses toiles dans le lobby de l’hôtel. L’ambiance était sympa et j’y côtoyais de nombreuses personnes comme des chercheurs d’or qui venaient en ville de temps en temps. J’avais l’impression de vivre dans un film.

Il était presque 14h, je parlais allemand avec un trappeur d’origine allemande qui vivait dans le pays depuis 50 ans à la recherche d’or. Il ne venait en ville que tous les six mois et ne savait toujours pas correctement s’exprimer en anglais, comme moi d’ailleurs. Soudain un brouhaha parcourut le hall et le propriétaire vint me dire qu’il fallait que je rentre me mettre à l’abri. L’immeuble où je logeais avec ma tante était bâti un peu en hauteur par rapport à la rivière dont le niveau montait dangereusement. Il faisait trop chaud et un glacier avait fondu en amont de Chena River qui allait sortir de son lit…

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 21

Chena River à 14h

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 21

17h30 l'eau arrive au bas de notre immeuble

Je pris une dernière photo avant de rentrer. Un silence étrange s’empara de la ville suivi du vol incessant des hélicoptères. À 17h30 l’eau atteignit le bas de notre immeuble. On nous rassura en disant que les fondations étaient entourées d’un fossé qui captait les eaux au fur et à mesure. Toutefois il ne fallait pas que l’eau monte trop haut.

 

Sydney laurence le mari de tante Jeanne

9 Décembre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Alaska, #Tante Jeanne et moi : Alaska etc., #Peintures

Sydney laurence le mari de tante Jeanne

À travers mes articles sur tante Jeanne je vous ai parlé de sa vie en Alaska mais aussi qu’elle était marié avec Sydney Mortimer Laurence un peintre de renom. Sydney est surtout connu pour ses superbes tableaux sur l’Alaska dont je vous livre aujourd’hui deux variantes du « Duck Hunter » le chasseur de canard.

Sydney laurence le mari de tante Jeanne

À l’époque de la parution du livre « My Live with Sydney Laurence by Jeanne Laurence » ces tableaux appartenaient l’un au sénateur John Butrovich l’autre à la Charles Soderstrom.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 20

5 Décembre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Alaska, #Tante Jeanne et moi : Alaska etc., #Fairbanks

Fairbanks ce nom fait rêver, cœur d’or de l’Alaska, à l’époque on y rencontrait des gens assez pittoresques et passionnants, d’autres plus sages, comme les amis de tante Jeanne, tous peintres ou écrivains. Celle-ci avait loué un studio dans un des rares immeubles à plusieurs étages de la ville.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 20

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 20

C’est d’ailleurs ce qui nous a sauvées dans la nuit du 14 août 1967. Aventure que je vous conterai plus tard. Notre séjour n’était que rencontres et fêtes entres amis. Un jour, alors qu’on prenait le petit déjeuner au restaurant au bas de l’immeuble, nos voisins de table parlaient tantôt français, tantôt anglais. Intriguée j’ai tourné la tête pour voir qui c’était, je sais ce n’est pas poli, mais dans ce coin retiré il était rare qu’on rencontre des Français. L’un d’eux portait un bonnet rouge…c’était le commandant Cousteau ! Finalement nos deux tables n’en firent qu’une. Le soir tante Jeanne recevait quelques amis.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 20

Parmi eux Rusty Heurlin, un peintre célèbre pour ses tableaux historiques, et sa compagne.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 19

28 Novembre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Alaska, #Tante Jeanne et moi : Alaska etc.

Mon permis de conduire américain en poche tante Jeanne m’emmène récupérer la Chevrolet bleue qu’elle avait réservée et nous voilà toutes les deux en route vers Fairbanks. Avant nous étions chez l’assureur chez qui nous avons eu un différent. Tante Jeanne voulait prendre l’assurance la moins chère et moi l’assurance tous risques. On m’avait fait vraiment peur du genre : la route est périlleuses, il y a de nombreux virages, il faut se méfier, tu n’y arriveras pas en une journée, etc. Je m’imaginais une route comme celle qui passe par le col du Saint Gothard en Suisse. Bien décidée à ne pas céder j’allais payer la prime, qui finalement n’était pas bien élevée car dans ce pays on pouvait assurer une voiture juste pour la semaine, mais tante Jeanne paya.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 19

Tante Jeanne, arrêt à Rapids

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 19

J'admire l'ara perché sur les bois d'un orignal

La route était large et droite à perte de vue. Je roulais à allure raisonnable pour jouir du paysage et surtout par crainte du passage d’ours comme m’avait prévenu l’assureur. La journée passa sans anicroche et sans virage périlleux, sans ville, ni village, les quelques noms sur la carte que je croyais être des lieux dits ou des villages, n’étaient à chaque fois qu’un bâtiment où l’on pouvait se restaurer et prendre de l’essence. Les quelques centaines de miles passèrent bien plus vite que sur les routes de France. Parties le matin, et malgré toutes les arrêts photos on arriva à Fairbanks le soir, façon de dire car en juillet le soleil se couche à peine une heure.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 18

26 Novembre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Tante Jeanne et moi : Alaska etc., #Alaska

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 18

Dès notre retour à Anchorage on a sollicité mon aide. Les différentes associations qui géraient l’aéroport, savaient que tante Jeanne et moi, étions revenues avec les officiers de l’armée. Du coup j’étais considérée comme une personne de confiance et j’ai, dans le cadre des activités bénévoles, tenu le bureau des infos lorsque des jeunes militaires en partance pour le Vietnam faisaient escale à Anchorage. Mon unique travail consistait à lire les cartes postales qu’ils écrivaient à leurs familles et amis afin que rien ne soit divulgué, ni sur leur état d’âme, etc. puis je mettais un timbre et postais ces petits messages. La plupart du temps je mettais les cartes postales dans les boîtes aux lettres de la poste sans les lire car le peu que je lisais me faisait pleurer. Un grand nombre de ces jeunes gars n’étaient jamais sortis de leurs quartiers et partaient à la guerre comme s’ils partaient en vacances…c’est du moins ce que révélaient leurs missives.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 9

23 Octobre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Alaska, #Tante Jeanne et moi : Alaska etc.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 9Une de mes première sortie à Anchorage a été la soirée Bingo au cercle des amis de tante Jeanne parmi eux de nombreux autochtones c’est à dire des indiens et des eskimos. Je ne connaissais absolument pas ce jeu qui, de nos jours, se joue chez nous sous le nom de loto. C’était le grand soir, la recette était le Big Jackpot, la cagnotte de l’année. Pour cela il fallait recouvrir toutes les cases de la plaque achetée un dollar. On couvrait le numéro annoncé en poussant le couvercle. Le temps passait, la salle était silencieuse. J’avais presque tous les numéros qui s’étaient affichés au fur et à mesure au tableau lumineux. D’un œil je louchais sur mes voisines, elles aussi n’étaient pas loin du "Cover All". Tante Jeanne par contre avait plein de cases non couvertes dont certains numéros étaient pourtant affichés au tableau. Je décidais de contrôler sa plaque et me mis à couvrir ses cases le plus vite possible afin de rester à l’écoute du nouveau numéro annoncé. Il ne restait plus qu’une case ouverte lorsque le nombre qu’elle affichait sortit. D’un bond je me suis levée et criait : « bain jo ». Des centaines d’yeux, certains protégés par des lunettes à strass, se fixèrent interrogateurs sur cette intruse que personne ne connaissait. J’avais l’impression d’être fusillée. Tout en brandissant la plaque qui venait de gagner une coquette somme je dis : ce n’est pas la mienne mais celle de Jeanne. Toute la salle poussa un soupir de soulagement et se mit à applaudir. Moi je me sentais soulagée car tante Jeanne venait de gagner de quoi payer la belle Chevrolet bleue.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 8

21 Octobre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Tante Jeanne et moi : Alaska etc., #Alaska

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 8

 

Début juillet 1967 j’ai atterri pour la première fois sur l’Aéroport d’Anchorage. Je ne savais pas parler l’Anglais si ce n’est le peu appris en classe. Mais tante Jeanne voulait absolument parcourir les routes de ce pays « une dernière fois » comme elle disait. Elle avait l’habitude de prendre l’avion et retrouver les routes d’Alaska était un chose qui lui tenait à cœur. Certes, je comprenais à peu près ce que je lisais, mais parler c’était autre chose. Dès ma descente de l’avion elle m’a remis le manuel du code de la route alaskien, différent du nôtre sur de nombreux points. J’étais inscrite pour passer le permis sous huit jours.

Figurez-vous que, hormis une phrase que je n’avais pas bien comprise j’ai réussi du premier coup le code qui comprenait 48 questions à réponses multiples. On avait droit à trois erreurs, j’en ai fait une par manque de compréhension. Pour la conduite aucun problème, pas le droit de parler au moniteur. La responsable m’a d’ailleurs félicité, selon elle je faisais mieux que bien des Alaskiens. Tante Jeanne était ravie. On pouvait partir à l’aventure dans la belle Chevrolet bleue qu’elle avait réservée en cas de succès.

 

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 4

7 Octobre 2020 , Rédigé par Marylou Publié dans #Alaska, #Tante Jeanne et moi : Alaska etc.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 4

Tante Jeanne à l’œuvre, photo copyright

Avant de connaître Sydney, Jeanne subvenait à ses besoins en peignant des paysages, mais surtout des fleurs, sur divers objets à l’usage des dames au début du XXème siècle : coffrets à bijoux, petits sacs pour le théâtre, éventails etc. Quand je l’ai connue, elle avait du succès en peignant les fleurs sauvages de l’Alaska sur fond noir.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 4

Tante Jeanne dans son atelier, photo copyright

Longtemps auparavant elle avait peint des fleurs imaginaires sur fond clair.

Souvenir quand tu nous tiens : Tante Jeanne et moi 4

Une des fleurs fantaisies, photo copyright

En 1974 a paru "An Album of Alaskan Flowers" by Jeanne Laurence, The Salisbury Press. En 1973, ma chère tante, alors âgée de 86 ans, s’est bien fatiguée à peindre plus de 100 nouvelles planches pour la sortie de ce livre.

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