Ma vie en Haïti 47 : Sur les terres de Sercey
Le cousin et son étalon sur les terres de Sercey
C’était par une belle journée de d’août 1979. Mon époux devait rendre visite aux métayers de l’habitation Sercey. Comme celle-ci est immense, il est impossible d’en faire le tour à pied en une journée. Pas possible non plus de prendre une voiture vu l’état des chemins. Ces messieurs ont donc décidé d’en faire le tour à cheval. Mais avant ils voulaient constater de visu si je pouvais les accompagner. Ils m’ont donc demandé de monter sur une jument à l’aide d’une chaise posée à côté d’elle. Je n’étais nullement habillée pour une telle démarche. De plus les chevaux haïtiens ne sont absolument pas dressés, la plupart sont montés sans selles ni rênes. Comme je tenais sur l’animal, rendez-vous fut pris pour le lendemain. Mon mari, bien qu’il avait fait de l’équitation avec Jonquière D’Oriola ne se sentit pas le courage de chevaucher l’étalon qu’on lui destinait. Sans me douter ce qui m’attendait je pris sa place et il prit la jument. Comme les fermiers avaient trouvé des rênes pour remplacer la corde, je me sentais pleine de courage. Au dernier moment un cousin voulut se joindre à l’expédition, il arriva monté sur un autre étalon. Conclusion on mit des œillères au mien en me demandant d’être toujours à bonne distance. Le tour de la propriété se fit sans problème jusqu’à l’arrivée au village. Les chevaux sentant l’écurie avançaient plus vite tant et si bien que je fus distancée. Le groupe disparut derrière une rangée de maisons et lorsque je le rejoignis, les cavaliers étaient à l’arrêt. J’arrivais juste derrière le cousin et son étalon. Je n’eus pas le temps de faire demi tour que mon cheval mordit la croupe du sien qui rua. Mon cheval se cabra, comme je tirai un peu trop sur les rênes qu’il n’avait pas l’habitude de porter, il s’emballa. Il traversa le village et fonça droit vers la ferme et le flamboyant poulailler. Durant tout ce parcours, je n’étais pas tombée mais je me voyais heurtant les branches du flamboyant. Heureusement, des hommes nous attendaient, ils se tenaient par la main faisant une haie pour arrêter le cheval. Croyez-moi ou non, mais la semaine suivante, quand il a fallu monter sur un cheval bien plus grand pour faire le tour de l’habitation Brache j’avais "la migraine".